Saint Tropez
 


Émile Ollivier
Né à Marseille (Bouches-du-Rhône) le 2 juillet 1825, mort à Saint-Gervais-les-Bains (Haute-Savoie) le 20 août 1913.
Ministre de la Justice du 2 janvier au 10 août 1870 (avec l'intérim des Affaires étrangères du 14 avril au 15 mai).

Né à Marseille le 2 juillet 1825 et orphelin de mère à l'âge de huit ans, Émile Ollivier connaît une enfance difficile en Provence puis à Paris, son père, Démosthène, ardent républicain, manifestant peu de dons pour les affaires commerciales qu'il dirige.
Après ses études de droit, Émile Ollivier s'inscrit au barreau de Paris puis, grâce aux relations paternelles, est nommé, le 27 février 1848, commissaire du gouvernement provisoire de la République pour les départements des Bouches-du-Rhône et du Var. De Marseille, où il a dû faire face aux émeutes de juin et connu ses premiers émois sentimentaux, il est muté à la préfecture de la Haute-Marne au début de juillet 1848, ce qui équivaut à une semi-disgrâce, puis révoqué en janvier 1849.
Rendu à la vie privée, Émile Ollivier commence véritablement sa carrière d'avocat en 1850 et mène d'abord une vie austère et peu fortunée. Ses premiers succès dans des affaires délicates face aux ténors du barreau (notamment le procès de la marquise de Guerry contre la communauté de Picpus défendue par Berryer) le font connaître et lui apportent l'aisance. D'abord farouchement hostile à l'Empire qui a exilé son père, il est élu député républicain de Paris en 1857 puis 1863 et appartient au fameux groupe des cinq, malgré son peu de sympathie pour certains de ses collègues. En octobre 1857 à Florence, il épouse la fille de Liszt et de Marie d'Agoult, Blandine, qui mourra en 1862 après lui avoir donné un fils, Daniel.
Le député de Paris va s'imposer rapidement au Corps législatif par son éloquence et son refus de toute opposition intransigeante, attitude qui le met vite en délicatesse avec ses amis de la gauche républicaine. Se proclamant libéral plus qu'authentique républicain, Ollivier commence à rêver de réconcilier l'Empire avec les libertés publiques et de transformer progressivement le régime en une monarchie constitutionnelle, seul moyen, estime-t-il, d'épargner une nouvelle révolution violente au pays. Dès le début des années 1860 il pratique une opposition " ouverte " et sa désignation par Morny comme rapporteur de la loi sur les coalitions au printemps 1864 marque sa rupture définitive avec les républicains. L'année suivante, il rencontre pour la première fois l'empereur qui, en 1867, songera sérieusement à l'appeler aux affaires.
Rejeté aux élections de 1869 par les républicains, Ollivier est battu à Paris mais élu dans le Var dont il est déjà conseiller général. Le 23 septembre, il épouse Marie- Thérèse Gravier, jeune fille de dix-neuf ans qui lui vouera dans la vie comme dans la mort un véritable culte. Au même moment commence avec Napoléon III une délicate négociation qui se conclut le 27 décembre, quand l'empereur charge officiellement Ollivier de former un ministère libéral. Ce dernier est constitué le 2 janvier 1870 et, sans autre titre que celui de ministre de la Justice et des Cultes, Émile Ollivier y exerce de fait une très large prépondérance, limitée toutefois par l'autorité du souverain, notamment en matière diplomatique et militaire, ce qui ne sera pas sans conséquences. Le 7 avril, il est élu à l'Académie française, au fauteuil de son cher Lamartine.
Émile Ollivier veut sincèrement la paix, mais il est entraîné par l'affaire de la candidature Hohenzollern et déclare accepter la guerre avec la Prusse " d'un cœur léger " (19 juillet). Cette formule veut seulement dire que son gouvernement a tout fait pour éviter le conflit, mais elle est maladroite et sera inlassablement reprochée à son auteur, vite devenu un bouc émissaire commode. Après le départ de l'empereur pour l'armée, Ollivier doit affronter la double opposition des républicains et des bonapartistes hostiles à l'Empire libéral ; non soutenu par l'impératrice régente, qui ne l'aime pas et ne s'en cache guère, il est rapidement renversé par la coalition des extrêmes (9 août) et part pour un long exil en Italie, à Pollone et Moncallieri (1870- 1873). Sa carrière politique est terminée et ses diverses candidatures dans le département du Var, où il réside habituellement, n'auront aucun succès (1876-1886). Dès lors et jusqu'à la fin de sa longue vie, Émile Ollivier va plaider sa cause avec une opiniâtreté impressionnante, tout en affichant une grande sérénité sur le jugement de la postérité et en réglant quelques comptes avec les personnes qu'il n'aime pas (Thiers, notamment, et ses anciens amis républicains). Tout son effort vise à montrer que l'Empire libéral constituait la vraie politique dont la France avait besoin, que la guerre avait été voulue de longue date et provoquée cyniquement par Bismarck, que la révolution du 4 septembre était à la fois un crime et une faute, et que la Troisième République restait un régime illégitime tant qu'un nouveau plébiscite n'infirmait pas celui de mai 1870. Au fil des ans, toutefois, son argumentation va se durcir et il défendra de plus en plus l'Empire en tant que tel (le premier et le second), comme le meilleur gouvernement possible pour le pays, allant même jusqu'à absoudre la candidature officielle (" un jeu d'enfant ") qu'il avait jadis si âprement condamnée. De ce labeur sortent notamment les dix-sept volumes de l'Empire libéral, ouvrage qui, en dépit de son titre, retrace toute l'histoire du régime depuis ses origines et reste aujourd'hui encore un témoignage essentiel pour les historiens. Émile Ollivier meurt brusquement à Saint-Gervais le 20 août 1913, à l'âge de quatre-vingt-huit ans.

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